Les progrès technologiques réalisés ces dernières années nous amènent à parler de plus en plus souvent d’intelligence artificielle (IA). Ce vaste concept nous simplifie la vie de bien des façons, sans que nous nous en rendions compte. Objets connectés, voitures autonomes, visioconférences, l’intelligence artificielle nous accompagne au quotidien. Mais détournée de ses objectifs, elle peut devenir un redoutable outil au service de la malveillance de certains. Le deepfake est un parfait exemple de ce que l’IA a de plus abject. Le deepfake : définition, comment ça fonctionne et quels en sont les enjeux et les conséquences ? On vous explique tout.
Le deepfake, c’est quoi ?
Là où la fake news utilise les mots, le deepfake utilise l’image. Le deepfake est une technique d’hypertrucage. Ces hypertrucages, au départ, peuvent servir à vieillir le visage d’une personne disparue, par exemple. Noble cause, n’est-ce pas ? C’est également cette technique qui nous permet de permuter notre visage avec celui de quelqu’un d’autre pour obtenir des effets amusants. Jusque là rien de bien méchant. Mais imaginez maintenant que grâce à cette technologie, votre visage se retrouve sur une vidéo pornographique, et vous voilà propulsé dans le monde merveilleux du deepfake. Si l’on veut donner une définition simple du deepfake, on peut dire qu’il s’agit de l’utilisation de l’intelligence artificielle à des fins malveillantes. Le deepfake se concrétise par la création d’infox et de vidéos truquées. Du simple canular humoristique à l’intention de nuire, il n’y a qu’un pas, que le deepfake franchit allègrement.
Le deepfake : comment ça marche ?
Le deepfake utilise un GAN (Generative Adversarial Network), que l’on peut traduire par réseau antagoniste génératif. Cette technique d’IA permet de générer des imitations parfaites d’images en mettant en compétition deux réseaux, un générateur et un discriminateur. Le générateur crée de fausses images, tandis que le discriminateur les détecte, poussant le générateur à les améliorer, jusqu’à ce que le discriminateur ne les considère plus comme fausses.
Les dangers du deepfake
On l’a bien compris, le deepfake n’a d’intérêt pour personne, sauf pour celui qui l’utilise, et dont le seul but est de causer du tort. Actuellement, cette technique est principalement utilisée pour créer des vidéos pornographiques de célébrités à des fins de divulgation. Le “revenge porn” utilisait de vraies vidéos, mais diffusées sans le consentement de la personne concernée. Le deepfake reprend la technique du “revenge porn” mais en plus, les vidéos sont fausses. On pourrait qualifier ces vidéos de “vidéotox”. Elles ne nuisent cependant qu’à peu de monde et leur champ d’action demeure restreint. Mais si l’on extrapole, en transposant ce concept à la vie politique, par exemple, on entrevoit tous les dangers d’une telle technologie. En avril 2018, une vidéo de Barack Obama se propage sur la toile. On y voit l’ancien président des Etats-Unis parler de Donald Trump en des termes insultants. Il s’agit en fait d’une vidéo mise au point par un cinéaste américain, Jordan Peele, qui souhaite interpeller l’opinion publique et alerter sur les dérives possibles de l’IA. La bombe est lâchée. C’est officiel, le deepfake permet de faire dire n’importe quoi à n’importe qui. L’usurpation d’identité devient presque un jeu d’enfant, et le deepfake une méthode de désinformation à part entière. Et plus la technologie s’affine, plus il devient compliqué de distinguer le vrai du faux.
Lutter contre le deepfake
L’enjeu est donc à présent de déjouer les effets négatifs engendrés par le deepfake. Car légiférer ne suffit pas. En effet, décréter un acte illégal ne le fait pas disparaître, loin s’en faut. Les professionnels de la cybersécurité ont donc du pain sur la planche. En décembre 2019, Facebook lance le Deepfake Detection Challenge. Il s’agit d’un concours visant à rassembler les spécialistes de l’intelligence artificielle aux quatre coins du globe autour d’un projet collaboratif de lutte massive contre le deepfake. Le but étant de les détecter puis de les neutraliser, afin d’assainir les contenus divulgués sur le web. La lutte contre le deepfake passe par la mutualisation des savoirs. L’heure n’est plus au chacun pour soi et la recherche ne peut être individuelle.
En tant qu’internautes, notre meilleure arme, et la seule, est la vigilance. Il nous appartient de faire preuve de méfiance et de circonspection quant aux contenus que nous trouvons sur le web. Il sera en effet de plus en plus difficile pour chacun d’entre nous de distinguer le vrai du faux.